mardi 5 octobre 2010

Le dossier médical informatisé


Le dossier médical électronique

Le dossier médical informatisé : la réticence des médecins

20 sept. 2010 Nejib Tougourti
Les administrateurs des entreprises de santé et les gouvernements recommandent le dossier médical informatisé, mais les médecins restent sceptiques
dossier médical informatisé, les inconvénients - @ nejib tougourti
dossier médical informatisé, les inconvénients - @ nejib tougourti

La demande des décideurs se fait de plus en plus pressante pour la mise en place des dossiers médicaux informatisés. Des sommes importantes sont allouées, dans de nombreux pays, et destinées à inciter les entreprises de santé et les médecins de libre pratique à s’équiper du matériel informatique nécessaire, et convertir en formats numériques leurs documents de santé.
Des bénéfices indéniables
Les bénéfices sont importants : une réduction importante du coût de l’archivage, du transfert et traitement des documents de santé et une économie des hospitalisations et des examens inutiles, demandés pour une même pathologie déjà explorée. Le dossier médical informatisé élimine également les erreurs médicales liées à l’illisibilité des prescriptions écrites à la main. Il facilite, au cours des essais thérapeutiques et des études multicentriques, la collecte des données et leur traitement. La centralisation de l’information et sa mise sur un réseau intranet ou internet, permet une surveillance, en temps réel, de l’évolution d’un ensemble de paramètres et indicateurs qui renseignent sur tout un système de santé.
Plusieurs applications et logiciels, proposés pour la création et la gestion du dossier médical, incorporent des règles et préceptes compilés des directives de la médecine basée sur des preuves et des conférences de consensus. Les modules sont agencés par spécialité. Des algorithmes, prêts à l’emploi, sont fournis pour un grand nombre de situations cliniques « type ». Ils rappellent les étapes nécessaires à la démarche diagnostique, l’initiation d’une thérapeutique ou la surveillance de son efficacité et de ses effets secondaires. L’accent est mis sur les avantages essentiels de ces utilitaires d’aide à la décision médicale ; à savoir une amélioration de la qualité des soins et un risque minimal d’erreurs de diagnostic ou de prescription.

Un faible taux d’utilisation
Le taux d’utilisation du dossier médical informatisé demeure cependant faible. Le corps médical reste, dans une large proportion, sceptique et réticent. Vingt pour cent seulement des médecins américains utilisent un enregistrement électronique médical, selon un directeur de la Northrop Grumman. Sa firme développe actuellement aux États-Unis un programme d’aide à l’implémentation et la mise à niveau des dossiers médicaux informatisés. Une enquête, réalisée en 2008, a montré que, dans ce même pays, 16,7 % des médecins de libre pratique utilisent des applications informatiques avec des fonctionnalités de base, et 4,4 % avec des fonctionnalités supplémentaires : mise en garde contre des interactions médicamenteuses, alerte aux résultats anormaux des examens et rappel des directives des consensus et de la médecine basée sur les preuves.

Des difficultés, sources de réticences

Le caractère peu convivial des applications informatiques proposées a constitué dans le passé un handicap important à leur diffusion. Le temps nécessaire à la saisie d’un grand nombre d’informations, souvent complexes et très variées, a rendu leur emploi difficile, pour un personnel médical déjà surchargé de travail. Des efforts importants sont fournis, actuellement, au niveau des interfaces, pour une saisie accélérée. Les formulaires sont simplifiés. Les textes des champs d’entrée s’auto-complètent. Des ordonnances pré-rédigées sont proposées, ainsi que des schémas anatomiques pour indiquer le siège d’une lésion ou son volume.
La facilité et la rapidité d’utilisation sont devenues un argument essentiel de vente. Une étape supplémentaire a été récemment franchie avec la formation de scripts médicaux. Ces derniers, souvent des étudiants en médecine, ont pour mission de talonner un médecin et de rester attachés à ses lèvres, le clavier au bout des doigts, pour saisir, au vol, ses commentaires et remarques.
Le coût élevé de l’acquisition et de l’installation d’un système d’enregistrement électronique de santé constitue une autre barrière à son développement. Les mises à jour, parfois longues et coûteuses, les opérations de maintenance et les défaillances du matériel informatique perturbent l’automatisation des processus du travail et occasionnent un manque à gagner, parfois considérable.
L’interopérabilité entre les nombreux systèmes et logiciels, proposés par différents fournisseurs, est limitée. L’absence d’un standard national d’un dossier médical informatisé, rend dans certains pays la connectivité assez aléatoire d’une région à une autre. Le problème d’une synchronisation des mises à jour des dossiers, entre différents centres de soins, n’est pas encore résolu. La protection des données reste, également, un problème préoccupant, particulièrement si elles sont centralisées ou partagées sur un réseau intranet ou internet.

Le poids des bonnes habitudes

Le corps médical demeure, dans sa majorité, confiant en la fiabilité de ses méthodes traditionnelles d’organisation et de travail. Il semble peu sensible aux principaux arguments en faveur de la numérisation du contenu du dossier médical : l'amélioration de la qualité des soins et la diminution du nombre des erreurs médicales. Une étude publiée en 2007 lui donne en partie raison. La comparaison, d’une façon rétrospective en 2003 et 2004, entre des consultations avec et sans utilisation d’un dossier médical informatisé n’a trouvé aucune différence concernant quatorze des dix-sept indicateurs analysés de la qualité des soins. La performance, au niveau d’un indicateur, a été moins bonne lorsque le dossier médical était informatisé.
Mais les raisons de la résistance du corps médical sont assurément profondes. La conceptualisation actuelle, par la technologie de l’information de la santé, de l’art de l’exercice de la médecine, aussi recherchée et fouillée soit-elle, demeure schématique, peu convaincante et assez frustrante. Malgré la flexibilité de la plupart des modules et les possibilités offertes d’une personnalisation à tous les niveaux, le dossier médical ainsi constitué est sans corps ni âme, éclaté, fragmenté, dans le détachement froid des zones de liste déroulante et des cases à cocher. Bien difficile de se retrouver et de se reconnaître dans un espace aussi impersonnel.
Tous droits réservés Nejib Tougourti. Demandez l'autorisation de l'auteur avant toute reproduction sur Internet ou dans la presse traditionnelle.
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5 commentaires:

  1. Josée Muller a dit… Je suis infirmière.J'ai fait beaucoup de lecture sur ce sujet qui m'intérresse beaucoup.
    Les sommes investies présentement au Québec aurait été mises sur les projets-pilote, mais sachant comment semble fonctionner le gouvernement Charest dans l’autorisation de contrats, je crois que certains ont pu servir à ¨Graisser la patte¨ à certaines compagnies. Qu’est-ce que le gouvernement fait avec notre argent? On me demande d’avoir confiance aux gouvernements au sujet de l’accès à mes renseignements personnels. Comment avoir confiance à un gouvernement si corrompu et qui se montre si souvent irresponsable dans ses décisions faisant passer l’apport du gain dans ses valeurs prioritaires. Pourquoi il y a-t-il déjà une nouvelle loi de votée qui restreint mon droit de propriété face au DSQ? Le gouvernement veut-il par le DSQ prendre de plus en plus de pouvoir et de contrôle sur nos vies? Le pouvoir médical est déjà grand et atteint déjà indirectement nos libertés individuelles, va-t-il devenir encore plus puissant avec le DSQ? Est-ce que les compagnies d’assurances auront le droit de nous obliger de leur donner accès à notre DSQ afin qu’elles acceptent de nous assurer? Voici beaucoup de question que je me pose.

    Nous devrions demeurer propriétaire de notre dossier de santé comme pour nos livres de banque. Nous devrions avoir le droit d’accorder ou non aux professionnels le droit d’ajouter de l’information ou d’y avoir accès. Cependant, nous ne devrions pas avoir la possibilité de modifier les renseignements dans celui-ci pour éviter les conséquences de renseignements erronés. Je crois qu’il est dangereux que nos renseignements personnels tombent entre de mauvaises mains. Le gouvernement pourrait perdre des dossiers, c’est arrivé au Royaume-Uni, ils ont perdus des données sur 20 millions de personnes. Des personnes pourraient s’introduire dans un système mal sécurisé ou se servir de professionnels ayant accès au système pour avoir des informations confidentielles.

    Nous devrions consentir explicitement et formellement au DSQ en ayant à signer un formulaire confirmant que nous avons eu toutes l’information requise pour faire un choix éclairé, mais une loi a été votée qui nécessite un consentement implicite seulement. En plus si on refuse le DSQ le dossier n’est pas détruit, il demeure seulement inactivé.
    Les données seront conservées, alors ils seront toujours à risque d’être consultés par méfait. Toutes ses façons de faire sont selon moi inacceptable. Sous ces conditions, malgré les sommes d’argents dépensées pour l’implantation, plusieurs personnes refuseront le DSQ et avec raison je crois.
    La façon d’administrée le DSQ et le DME me semble boiteuse, il n’est pas surprenant que le Québec accuse tant de retard par rapport aux autres provinces. Je crois que le gouvernement devrait priorisé l’implantation adéquate des DME et de s'assurer qu'ils soient interopérants au lieu de mettre toute l’énergie sur le DSQ. J’ai vraiment hâte de sentir que le gouvernement provincial gère de façon responsable notre économie en préservant nos droits, mais pour l’instant je ne suis pas du tout rassurée. J’opterais plutôt pour une formule qui m’assurerait les droits de propriété sur mon dossier médical informatisé, tout en me garantissant la sécurité du système. Un système qui pourrait m’ être aussi sécuritaire et accessible que mon compte en banque.

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  2. Effectivement présentement, je ne consentirais pas à avoir un tel dossier pour l'instant. La sécurité des documents semble inexistante et le système présentement semble inefficace.


    Mais bien mis en place, cela pourrait être vraiment très bien. Pour ma part, il serait essentiel que les diagnostics s’y retrouvent. Je trouve que cela pourrait diminuer les risques d'erreurs des médecins. En plus, si l'information dans le dossier informatisé n'est pas changeable, le médecin se basera sur des données plus fiables que celui que lui dit le patient (je suis comme docteur House, tout le monde ment) qui ne comprend souvent même pas ce qu'il a. Les médecins sauveraient tellement de temps en ayant l'information plus précise. Je crois aussi qu'un tel dossier pourrait faciliter d'autres secteurs comme celui dans lequel je travaille; l'assurance. Dans l'assurance vie, on demande souvent des attestations de santé ou des notes pour tel ou tel problème. Si vous saviez à quel point on court après cela. Normalement, le médecin a 30 jours pour nous répondre selon la loi, mais souvent débordés, on la reçoit des fois 6 mois plus tard. Pendant ce temps-là, la personne peut se retrouver sans assurance et en cas d'accident ou de maladie bien elle n'a pas de protection. Ainsi, un tel dossier qui serait sur notre cellulaire ou une carte sécurisé bien la personne pourrait les transmettre directement aux tarificateurs des compagnies d'assurance. Je m'économiserais du temps. Et le médecin n'aurait pas à remplir des feuilles inutiles pour son emploi. Même chose pour les rapports d'accident de la SAQ, de la CSST.

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  3. Je crois que tout devrait être informatisé dans la médecine. Que ce soit une prescription ou un billet du médecin. Cela éviterait énormément de problèmes. Lorsque vous demandez une prescription à votre médecin, l'écriture est souvent illisible, vous pourriez rajouter de l'information et ce n'est pas sécuritaire. Vous pourriez aussi la perdre. Si tout est informatisé, la prescription serait automatiquement dans votre dossier à la pharmacie ou envoyée par courriel sur votre portable en un simple clic. La technologie est maintenant accessible et nous devons l'utiliser intelligement. Je crois que la sécurité médical devrait être pratiquement aussi élevé que la sécurité bancaire. Si nous avons été capable d'amener autant de technologie dans les banques, je ne vois pas pourqoi nous ne pourrions pas en faire autant dans le secteur de la santé.

    Jessica Mark

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  4. Dany R. a dit...

    L'informatisation du système de santé est nécessaire au bon fonctionnement de notre système de santé. Nous savons déjà qu'il est défficient, très engorgé et lent. Je crois que l'informatisation comme a dit Jessica évitera des erreurs et pourrait même sauver des vies. Les fraudes de prescriptions seront quasi impossible ou plus difficile. D'ailleur les compagnies d'assurance vie pourront avoir accès au dossier médicale des assuré facilement, rapidement et sécuritairement. Les processus d'affaire seront plus rapide de ce côté. Je sais qu'il y a des dangers par rapport aux fuites d'information ou au piratage mais je crois fortement que le risque vaut la chandèle.

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  5. Je trouve l'idée excellente, ceci pourrait grandement aider les suivis de dossier dans les cliniques et les hopitaux. Il faudrait effectivement développer une grande sécurité pour ces dossier car il s'agit d'information hautement confidentielle. Néanmois, il apporterait beaucoup d'aide.

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